Le compte à rebours du Lancet : viande rouge, changement climatique et santé
La revue médicale The Lancet publie début décembre 2020 le rapport de la commission The Lancet Coundown (résumé). Fruit d’une collaboration internationale de 35 chercheurs issus de centres universitaires et d’agences de recherche de l’ONU, ce travail vise à mettre la question de la santé au cœur des politiques publiques des gouvernements dans leurs réponses aux enjeux du changement climatique.
L’équipe de recherche, composés d’experts de différentes disciplines (e.g., climatologues, économistes, experts en alimentation, médecins) analyse de manière détaillée 43 indicateurs regroupés en 5 grandes catégories : (i) impacts du changement climatique et vulnérabilité ; (ii) adaptation, planification et résilience ; (iii) mesures d’atténuation ; (iv) économie et finances ; (v) engagement public et politique.
Deux des indicateurs discutés dans l’étude concerne l’alimentation et le système agricole. Le premier indicateur (3.5.1) s’intéresse aux émissions de gaz à effet de serre liés à la production et à la consommation agricoles. Le second indicateur (3.5.2) concerne quant à lui le lien entre alimentation et santé.
Emissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture
À partir des données de la FAO des Nations Unies, les auteurs reconstituent les émissions de gaz à effet de serre (GES) par pays associées à l’agriculture. Ils constatent tout d’abord que les émissions résultant de l’élevage ont augmenté de 16% entre 2000 et 2017 (3,2 Gt CO2e en 2017). Les ruminants représentent 93% des émissions associées à l’élevage et 56% des émissions totales imputables à l’agriculture. En 2017, l’émission moyenne par tête associée à la consommation de viande bovine s’éleve à 402 kgCO2e par personne (+5.5% depuis 2000). Les auteurs soulignent que la consommation de viande rouge est particulièrement élevée en Amérique et en Europe et que ces régions pourraient significativement réduire leurs émissions en consommant davantage de protéines végétales.
Alimentation et santé
Les auteurs rappellent que l’alimentation est l’un des principaux facteurs de risque de mortalité prématurée. Pour 2017, le rapport estime que 8,8 millions de morts étaient liées à l’alimentation, soit 19% de la mortalité totale. Les régions les plus exposées sont les pays de la Méditerranée oriental (28% de la mortalité totale), l’Europe (25%) et les Amériques (22%). En 2017, la (sur)consommation de viande rouge était responsable de presque un million de morts au niveau mondial (990.000), soit une augmentation de 72% depuis 1990. En Europe, cette (sur)consommation de viande rouge est responsable de 3,4% de tous les décès, soit 306.800 morts.